L’ACBD dévoile les finalistes pour son Grand Prix de bande dessinée 2013


Fabien Deglise, Le Devoir, 27 novembre 2012

Il y a eu beaucoup d’appelés pour finalement cinq élus. L’Association des critiques et journalistes en bande dessinée (ACBD), qui remet chaque année le Grand Prix de la critique, l’équivalent des prix Renaudot pour le 9e art, a dévoilé samedi la liste des finalistes pour cette prestigieuse récompense. Et la cuvée 2013 témoigne d’une inclination évidente pour les titres à forte valeur humaine.
Près du fil d’arrivée donc, on retrouve David, les femmes et la mort (Le Lombard) de Judith Vanistendael, un récit intimiste qui explore l’univers de la mort, de la maladie et des mots qui manquent parfois pour exprimer l’imminence d’un départ au sein de la cellule familiale. Troublant de couleur et d’humanité, ce roman graphique va croiser le fer avec Un printemps à Tchernobyl (Futuropolis) d’Emmanuel Lepage, qui relate en dessin et en émotion le projet un peu fou d’installation d’une résidence d’artistes à quelques kilomètres de la tristement célèbre centrale nucléaire. Ce groupe, auquel Lepage a pris part, souhaitait témoigner en photo, en bande dessinée, en image et en son, des conséquences sanitaires, environnementales et surtout sociales d’une catastrophe qui, même si elle s’est produite il y a plus de 25 ans, porte encore et va porter toujours cette incroyable angoisse que l’auteur a cherché à mettre en case.



Autre titre dans la course : L’enfance d’Alan (L’Association) d’Emmanuel Guibert, qui poursuit son exploration des souvenirs d’un Américain vivant aujourd’hui en France, sur l’île de Ré, ce bout de terre baignant dans l’Atlantique au large de la Vendée. Il s’appelle Alan Ingram Cope. Il a connu la guerre - cette période de sa vie a fait l’objet du triptyque La guerre d’Alan par le passé. Ici, c’est plutôt de son enfance en Californie qu’il est question, entre espoir, soleil, Santa Barbara et la crise de 1929. En gros.


En silence (Casterman-KSTR), d’Audrey Spiry remonte lui aussi le fil des événements, en le localisant toutefois lors d’une activité de plein air : un couple et une petite famille partent dans le sud de la France pour faire du canyoning, cette conquête à pied d’un cours d’eau, de ses rives et de ses gorges. Une aventure physique, forcément, mais également humaine qui va confronter Juliette à elle-même et à ses démons.


L’auteur Philippe Squarzoni, lui, a plutôt été exposé aux grandes questions écologiques qu’il dissèque avec minutie dans son Saison brune (Delcourt), dernier titre dans la course. Tout a commencé en 2006, alors qu’il cherchait à compléter le chapitre portant sur l’environnement dans un album politique. Il manquait de matière. Il a fait enquête pendant cinq ans et pose ici sur papier le résultat de sa démarche.


Remis chaque année, le Grand Prix de la critique de l’ACBD vise à mettre en relief, dans la masse de titres publiés chaque année, une oeuvre « à forte exigence narrative et graphique » qui marque par « sa puissance, son originalité et la nouveauté de son propos ». L’an dernier, ce prix a été remis à Bastien Vivès pour son Polina (Casterman-KSTR).

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